Le bilan neuropsychologique pour les troubles attentionnels (TDAH)

Qu’est-ce que le Trouble du Déficit Attentionnel avec ou sans Hyperactivité ?

Le Trouble Déficitaire de l’Attention avec ou sans Hyperactivité (TDAH) est un trouble neurodéveloppemental, donc depuis l’enfance, qui peut persister à l’âge adulte. Il se caractérise par une combinaison variable de difficultés attentionnelles, d’hyperactivité et d’impulsivité. Ces manifestations ne sont pas liées à un manque de volonté ou à une mauvaise éducation, mais à un fonctionnement particulier du cerveau, notamment dans la régulation de l’attention, des émotions et des comportements.

Les personnes avec TDAH peuvent présenter des symptômes en lien avec de l’inattention

  • une difficulté à maintenir l’attention sur une tâche ou une activité, 
  • une tendance à faire des erreurs d’étourderie, 
  • une facilité à être distraite par des stimuli externes ou internes, 
  • une désorganisation, 
  • des oublis fréquents (rendez-vous, objets, consignes), 
  • une difficulté à écouter ou à suivre des instructions jusqu’au bout.


Les personnes avec TDAH peuvent présenter des symptômes en lien avec de
l’hyperactivité, hyperactivité qui ne signifie pas toujours une agitation visible. Elle peut aussi se traduire par : 

  • une sensation d’agitation intérieure constante, 
  • une difficulté à rester en place ou à se détendre, 
  • une tendance à parler beaucoup ou à couper la parole, 
  • un besoin de bouger 

 

Les personnes avec TDAH peuvent présenter des symptômes en lien avec de l’impulsivité. Elle peut se manifester par :

  • des prises de décision rapides, parfois risquées, 
  • une difficulté à attendre son tour ou à anticiper, 
  • des réactions émotionnelles vives et soudaines, 
  • des interruptions fréquentes dans les conversations, les activités ou les relations.

Vers une approche plus large de la compréhension du TDAH ?

Contrairement à l’idée reçue, les personnes avec TDAH ne manquent pas à proprement parler d’attention : elles ont du mal à la réguler et à la diriger volontairement. Dans certains contextes, elles peuvent même entrer dans un état d’hyperfocus, une concentration intense et soutenue sur une activité très stimulante, souvent au point d’en oublier le temps et l’environnement.

Au-delà des symptômes classiques, le TDAH est aujourd’hui de plus en plus reconnu comme un trouble de la dysrégulation, notamment émotionnelle. Cela signifie que les personnes concernées peuvent avoir des difficultés à moduler leurs réactions face à la frustration, à l’attente, ou au stress. Elles peuvent passer rapidement d’un état émotionnel à un autre, avec parfois un sentiment de débordement ou de perte de contrôle.

Ce fonctionnement atypique de l’attention est souvent associé à une pensée créative, rapide et originale. De nombreuses personnes avec un TDAH font preuve d’imagination vive, de capacité à faire des liens inattendus et à innover, ce qui peut être un atout dans des domaines comme l’art, l’entrepreneuriat ou les métiers nécessitant de la résolution de problèmes.

Le TDAH s’accompagne souvent d’autres difficultés, des troubles associés qui peuvent rendre son diagnostic et sa prise en charge plus complexes. Beaucoup de personnes concernées développent des troubles anxieux, liés à la surcharge mentale, aux difficultés d’organisation ou à la peur constante de l’échec. Le sentiment de ne jamais être « à la hauteur », les critiques répétées ou les échecs scolaires et professionnels peuvent peu à peu abimer l’estime de soi et conduire à une dépression, en particulier lorsque le TDAH n’est pas reconnu ou soutenu. Dans cette continuité les Troubles de l’Opposition avec Provocation sont observés chez les enfants avec un TDAH, caractérisés par un schéma de comportements défiants.

Par ailleurs, la recherche de stimulation, le besoin de gratification immédiate et la difficulté à gérer l’ennui exposent certaines personnes à un risque accru d’addictions (jeux vidéo, consommation de substances, usage excessif des écrans ou troubles alimentaires). Ces comportements peuvent offrir un soulagement temporaire, mais tendent à aggraver les difficultés à long terme s’ils ne sont pas accompagnés de solutions adaptées.

Pourquoi faire un bilan neuropsychologique quand il y a une suspicion de TDAH ?

Lorsqu’un TDAH est suspecté, il est intéressant de mieux comprendre ce qui se joue. Le bilan neuropsychologique n’est pas obligatoire pour poser un diagnostic, mais il peut apporter un éclairage précieux. Il permet d’explorer en détail le fonctionnement cognitif d’une personne : attention, vitesse de traitement, flexibilité mentale, inhibition, etc.

Il est important de rappeler que le diagnostic du TDAH relève uniquement d’un professionnel médical spécialisé, comme un pédopsychiatre, un psychiatre ou un neurologue. Le bilan neuropsychologique, réalisé par un psychologue spécialisé en neuropsychologie, vient en complément, pour affiner la compréhension du profil cognitif et fonctionnel.

Le but du bilan n’est pas de prouver qu’il y a un TDAH à travers un score ou un chiffre. Il s’agit plutôt de comprendre comment la personne fonctionne dans sa singularité, quelles sont ses ressources, ses points d’appui et les domaines qui demandent plus d’effort ou de compensation. C’est cette lecture fine qui permettra ensuite de proposer un accompagnement sur mesure selon les besoins et les attentes perçues durant le bilan. 

Il arrive que les résultats du bilan ne montrent pas de déficit cognitif objectivable, ou que certaines performances soient dans la norme. Cela ne veut pas dire pour autant qu’il n’y a pas de TDAH. Comme le rappelle le psychologue spécialisé en neuropsychologie,  Sébastien Henrard, expert dans le TDAH, le trouble n’est pas toujours visible dans un cadre de test normé et structurant : « Ce n’est pas parce qu’on est performant dans une situation de test, motivante et cadrée, qu’on parvient à fonctionner de la même manière dans la vie quotidienne. »

Les recherches récentes soulignent en effet que le TDAH ne se réduit pas à un déficit mesurable par des tests : c’est un trouble de la régulation – de l’attention, du comportement, des émotions – qui peut varier fortement selon le contexte. Certaines personnes sont capables de « surperformer » dans des conditions d’évaluation, mais se retrouvent en grande difficulté dans les situations du quotidien, où la stimulation est moins structurée et les distractions omniprésentes.

Un bilan neuropsychologique, à tout âge ?

Contrairement à une idée répandue, les bilans neuropsychologiques ne concernent pas uniquement les enfants scolarisés. Ils peuvent être utiles à toutes les étapes de la vie — de l’enfance à l’âge adulte — dès lors qu’une personne ou son entourage s’interroge sur son fonctionnement cognitif et que des difficultés persistantes affectent son quotidien. C’est un cheminement personnel avant tout, même chez l’enfant. Faire un bilan neuropsychologique est une démarche intime, parfois longue à mûrir. Comprendre comment on fonctionne, c’est souvent une première étape vers plus de tolérance envers soi-même, vers une meilleure estime de soi et, parfois, vers un apaisement durable.

Les outils sont adaptés en fonction de l’âge et de la situation : tests d’intelligence, épreuves attentionnelles, évaluations du fonctionnement exécutif. L’objectif est d’obtenir une vision fine du fonctionnement global, et plus spécifiques des fonctions attentionnelles et exécutives, en comparaison aux personnes de la même classe d’âge.

Chez l’enfant et l’adolescent

Durant l’enfance et l’adolescence, les premiers signaux d’alerte sont souvent repérés par les adultes qui entourent l’enfant au quotidien : parents, enseignants, professionnels de la santé. Ils peuvent remarquer des difficultés d’apprentissage, une lenteur inhabituelle, une agitation motrice ou mentale, un isolement social, une grande distractibilité, ou au contraire, des compétences nettement en avance dans certains domaines, parfois dissimulant d’autres fragilités. Ces observations peuvent faire émerger la suspicion d’un trouble du neurodéveloppement, comme un TDAH. Les outils d’évaluation, pour des raisons neurodéveloppementales, sont normés pour les enfants à partir de 6 ans

Réaliser un bilan neuropsychologique de manière précoce permet de mieux cerner le fonctionnement global de l’enfant ou de l’adolescent : ses points forts, ses zones de fragilité, son rapport au monde et aux apprentissages. Cette compréhension fine est essentielle pour mettre en place un accompagnement adapté, qu’il soit éducatif, thérapeutique, ou pédagogique.

Ce type d’évaluation permet également d’objectiver les difficultés auprès des institutions. Sur la base des résultats du bilan, des aménagements spécifiques peuvent être recommandées, notamment :

  • du temps supplémentaire pour les contrôles ou les devoirs surveillés,
  • des supports adaptés (support visuels, consignes reformulées…),
  • des allègements de charge cognitive (moindre quantité d’exercices, pauses régulières…),
  • des éléments pour un dossier MDPH, notamment pour l’intervention d’un(e) AESH (Accompagnant d’Elève en Situation de Handicap) dans certains cas

Plus largement, un bilan peut également débloquer des situations familiales tendues, en apportant un regard compréhensif et neutre sur les comportements de l’enfant, qui ne sont ni volontaires ni dus à un manque d’éducation, mais bien à un fonctionnement neurodéveloppemental spécifique.

Chez l’adulte

Si les demandes de bilan à l’âge adulte sont encore trop peu fréquentes, elles sont pourtant tout aussi légitimes et utiles. Elles émanent souvent d’un cheminement personnel, motivé par :

  • un sentiment de décalage persistant depuis l’enfance,
  • des difficultés relationnelles ou professionnelles récurrentes,
  • un diagnostic récent chez son enfant qui résonne fortement,
  • des troubles psychiques mal compris (anxiété, dépression, etc.),
  • ou encore la volonté de mieux comprendre son fonctionnement, d’aller au-delà du doute.


Le bilan permet d’évaluer les capacités intellectuelles globales, les fonctions attentionnelles et exécutives, l’interprétation des résultats prend en compte l’histoire de vie, les compensations mises en place, les stratégies d’adaptation et les éventuelles souffrances psychiques. Un fonctionnement atypique peut parfois être masqué depuis des années, particulièrement chez les personnes dotées d’un bon niveau intellectuel ou d’un fort soutien familial. Ces personnes peuvent avoir réussi à « masquer », jusqu’au jour où les compensations s’effondrent, souvent à l’occasion d’un épuisement professionnel, d’un changement de vie, ou d’une surcharge mentale.

Beaucoup d’adultes découvrent tardivement leur neuroatypie. Plusieurs facteurs peuvent expliquer cela :

  • des mécanismes de compensation très efficaces ;
  • des enfants qualifiés à tort de « rêveurs », « perturbateurs » ou « paresseux » ;
  • des signes confondus avec un manque d’effort ou de motivation ;
  • la présence de troubles secondaires (anxiété, dépression, troubles du comportement) qui masquent le trouble initial ;
  • des représentations sociales encore limitées sur les troubles neurodéveloppementaux chez les filles, les adultes ou les profils atypiques.

Dans bien des cas, ce n’est qu’une fois adulte, confrontée à une souffrance psychique ou à une quête de sens, que la personne décide de consulter. Le bilan permet alors de mettre des mots sur un ressenti flou, de comprendre son propre fonctionnement et, surtout, d’envisager des pistes d’accompagnement adaptées et bienveillantes.

Comment se déroule le bilan neuropsychologique ?

Comme évoqué, des contextes variés peuvent motiver la démarche de bilan neuropsychologique pour son enfant ou pour soi-même. Afin de préparer au mieux la première rencontre, je vous demande généralement de bien vouloir remplir des questionnaires en lien avec le développement et les difficultés rencontrées. Dans cette optique, pour les bilans chez les enfants et les adolescents :  l’école peut être impliquée ainsi que l’enfant ou le jeune lui-même en plus des questionnaires destinés aux parents. Chez l’adulte, les parents pourront être sollicités si le besoin d’affiner l’approche développementale se fait ressentir. 

Déroulé du bilan neuropsychologique : 

  1. La première rencontre est l’entretien préalable au bilan qui permet une revue de l’aspect développemental d’un éventuel TDAH et l’impact des symptômes dans le quotidien. 

  2. La poursuite du bilan s’effectue sur 2 parties de bilan de 2h pour la passation des tests. Les deux premières heures sont consacrées à l’évaluation de l’efficience intellectuelle globale et les deux heures suivantes sont dédiées à l’investigation des fonctions spécifiques de l’attention et des fonctions exécutives

  3. Après un temps incompressible pour coter, interpréter et rédiger le compte-rendu, un entretien de restitution a lieu et permet de présenter les conclusions qui intègrent les recommandations et les propositions d’aménagement la cas échéant.


Le coût global d’un bilan neuropsychologique complet (entretien, passation des tests, interprétations et rédaction du compte-rendu, restitution) est de
720 euros. Les actes neuropsychologiques ne sont ordinairement pas pris en charge par la Sécurité Sociale ou les mutuelles françaises.

Où faire le bilan neuropsychologique ?

Mon cabinet de psychologie est au sein de la Maison de Santé Pluriprofessionnelle de Gex située au 70 rue des Acacias, 01170 Gex.

Elle a bénéficié d’une totale réhabilitation afin d’accueillir des locaux neufs, spécifiquement pensés au mieux pour les besoins des patients.

L’établissement est ouvert depuis mai 2023 et est labellisé par l’Agence Régionale de Santé.

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