Le bilan neuropsychologique chez l'adulte
Pourquoi faire un bilan neuropsychologique une fois adulte ?
Les bilans neuropsychologiques sont souvent perçus comme une aide diagnostique devant des troubles des apprentissages et ainsi, ont l’image d’avoir lieu uniquement durant la scolarité.
Si la demande de bilan neuropsychologique émane majoritairement de l’école et des parents quand il concerne l’enfant, la demande d’un bilan cognitif qui provient de l’adulte fait généralement suite à un sentiment de décalage avec les autres qui persiste avec le temps.
Ce décalage peut engendrer des difficultés d’adaptation relationnelle pouvant être source de souffrance et susceptible de venir effracter l’estime de soi et la confiance en soi dans la vie professionnelle et personnelle.
Le bilan neuropsychologique chez l’adulte permet d’évaluer le fonctionnement intellectuel global de la personne.
Des tests plus spécifiques peuvent venir affiner cette compréhension à travers de tests portant par exemple sur les capacités attentionnelles ou la passation de questionnaires explorant la sphère psycho- affective à travers ses dimensions émotionnelle, relationnelle et comportementale ou investiguant un trouble du spectre autistique.
L’interprétation des résultats doit prendre en considération les potentielles compensations que la personne aurait mis en place depuis l’enfance et les possibles troubles psychologiques concomitants, notamment dû à l’absence de mise en évidence d’une neuroatypie au préalable.
Qu’est-ce qu’un fonctionnement neuroatypique ?
La neuroatypie (ou la neurodivergence) dans le cadre du concept de neurodiversité regroupe l’ensemble des fonctionnements mentaux et neurologiques non ordinaires, et sont donc d’une grande hétérogénéité.
La neuroatypie fait référence aussi bien aux personnes avec un trouble du spectre autistique que les personnes avec un “dys” (dyslexie, dyspraxie, dyscalculie, dysorthographie, dyscalculie, dysphasie) ou les personnes avec un trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH).
Le mouvement de la neurodiversité reconnaît l’existence du handicap, du point de vue du modèle social du handicap, et reconnaît toutes les difficultés qui vont avec et la nécessité d’aménagements et d’accompagnement spécifiques.
Le terme de neuroatypie permet également de souligner que rares sont les personnes avec des fonctionnements mentaux et cérébraux neuroatypiques présentant une seule atypie.
Prenons quelques chiffres mis en lumière par des études scientifiques : 1 personne sur 5 avec une dyslexie a aussi une dyspraxie (Kaplan, 1998) ; 3 personnes sur 10 avec une dyslexie possèdent également un trouble du déficit attentionnel -TDAH- (Germano et Gagliano, 2010), 4 personnes sur 10 avec une dysphasie présentent un trouble du spectre autistique (Georgitsi, 2010).
Ainsi, faire avancer l’acceptation de la neurodiversité permet de sensibiliser largement et prévenir toute forme de stigmatisation.
Exemples de demandes de bilan neuropsychologique chez l’adulte :
Un cheminement de vie qui amène la personne à consulter une fois adulte un psychologue, puis à vouloir mettre des mots sur ses capacités et cesser d’être dans un doute continu.
Un diagnostic neurodéveloppemental chez son enfant qui ferait émerger chez le parent des réminiscences de son développement et le souhait de passer un bilan à son tour, sachant que l’aspect héréditaire du fonctionnement cérébral est établi.
Un accident de vie comme un traumatisme crânien ou encore un accident vasculaire cérébral peut conduire à vouloir analyser les éventuelles séquelles qui en résultent et connaître les possibilités d’accompagnement.
Une personne avec un diagnostic datant de son enfance ou de son adolescence et qui une fois adulte souhaite devenir pleinement acteur de sa prise en charge et comprendre l’évolution de ses symptômes.
Des personnes souffrant de troubles psychiques qui pourraient être concomitants avec une neuroatypie et qui souhaitent mieux comprendre leur fonctionnement psycho-cognitif.
Pourquoi certaines personnes avec une neuroatypie sont diagnostiquées tardivement ?
Des enfants qui ont compensé leurs troubles, qui ont été étiquetés comme fainéants ou perturbateurs, vont passer entre les gouttes de l’orientation vers un professionnel de santé mentale.
Des enfants et adolescents qui ont été convaincus qu’ils ne faisaient pas assez d’efforts alors que leur fonctionnement était différent vont parfois quitter le système normatif et se retrouver, une fois adulte, en souffrance psychique et venir d’eux-même consulter.
Le masquage des troubles retarde le diagnostic.
Les mécanismes adaptatifs efficaces retardent le diagnostic.
Le camouflage social des troubles retarde le diagnostic.
Les observations fondées sur des constructions sociales retardent le diagnostic.
Les troubles secondaires (dépression, anxiété, trouble de la personnalité, trouble des conduites) considérés comme diagnostic principal retardent le diagnostic.
D’autres ont eu un trouble bien compensé par un camouflage étayé par un bon niveau intellectuel ou un soutien familial performant.
Pour certains les conséquences du trouble ne se sont déclarées qu’à l’âge adulte en lien avec des exigences professionnelles ou familiales ou lors d’un épuisement des modes de compensation.
Le sentiment de ne pas être soi-même et de se sentir infiniment différent peuvent devenir envahissant et la personne se retrouve dans une véritable détresse psychique.
Ainsi, il est possible qu’un éclaircissement sur leur fonctionnement mental et cérébral vienne soulager et permettre un regard bienveillant sur leur neuroatypie.
Si vous êtes en pleine réflexion autour d’une possible neuroatypie et que vous hésitez devant l’idée de passer un bilan neuropsychologique, il est tout à fait envisageable de convenir de séances de psychothérapie afin d’accompagner votre cheminement.
Comment se déroule un bilan cognitif chez l’adulte ?
Selon la demande, le bilan neuropsychologique peut être complet ou spécifique. Ainsi la démarche d’une personne souhaitant un bilan intellectuel ou un bilan attentionnel sera vu lors d’un premier entretien afin d’affiner au mieux la demande, puis a lieu une séance de passation de tests et enfin un entretien de restitution. A noter un temps incompressible entre les tests et la restitution du compte-rendu afin de coter, interpréter et rédiger.
Pour le bilan intellectuel, la batterie de test de la WAIS-IV de Wechsler (2011) est proposée. Pour le bilan attentionnel, entre autres, des épreuves de la TAP (Test battery for Attentional Performance) de Zimmermann et Fimm (2017) sont proposées.
Un bilan complet inclut le bilan intellectuel avec en plus la passation de tests spécifiques selon la démarche de la personne. Un bilan spécifique coûte 480 euros et un bilan complet 600 euros.