La guidance familiale
Qu’est-ce que la guidance familiale ?
Le terme de « guidance » a été introduit en français à partir des années 1950. Terme anglais désignant les conseils, l’expression « for your guidance » signifie « pour votre information ». Dans cette acceptation, « la guidance familiale » désigne l’information, le conseil et le soutien apportés aux familles qui en ressentent le besoin, notamment en situation de crise familiale.
Ces situations peuvent être liées à la dépendance physique, psychique ou cognitive d’un membre de la famille, qu’il s’agisse d’un enfant, d’un adolescent ou d’un parent âgé.
L’écoute de chaque membre, la mise en avant des compétences de chacun, l’identification des représentations communes et singulières du monde qui nous entourent sont à l’œuvre dans le processus de guidance familiale.
Aux échanges s’ajoutent la transmission d’informations sur la situation rencontrée par la famille, informations fondées sur des études scientifiques ou sur des recommandations reconnues au niveau national ou international.
Des objectifs secondaires découlent de la démarche générale tels qu’une amélioration de la communication et un sentiment de soutien intrafamilial.
Dans quelles situations l'accompagnement en guidance familiale s’envisage ?
Les situations sont infiniment diverses, voici quelques exemples, non exhaustifs, pouvant vous faire penser à enclencher une guidance familiale:
- Des événements externes venant impacter la famille : agression d’un enfant, harcèlement scolaire, etc.
- Des événements internes à la famille : situation de handicap (développementale ou acquise), trouble psychique, neuroatypie (exemples : haut potentiel, trouble de l’attention avec ou sans hyperactivité, troubles du spectre autistique), parent âgé atteint de la maladie d’Alzheimer ou d’une maladie apparentée, perte d’autonomie.
- Des crises familiales évolutives : deuil, séparation, divorce, recomposition familiale, etc.
Si vous vous reconnaissez dans ces situations et que vous sentez qu’un accompagnement de type “guidance familiale” serait utile, vous pouvez prendre rendez-vous pour une première séance avec ou sans les autres membres de la famille.
Guider par rapport à quelle référence ?
La guidance familiale ne peut se passer d’une référence. Cependant si celle-ci était constituée seulement de critères rigides, alors le rapport à la référence se penserait en termes de conformité, de manière statique et univoque. Nous serions uniquement dans “le faire”, accumulant des connaissances techniques pour une mise en œuvre quasi-automatique. La pensée s’appauvrirait et finirait même par perdre du sens. Poser un acte dans l’ordre du “faire” signifie le réaliser le plus parfaitement possible et invite à être compétent, à viser l’efficacité.
La guidance familiale ne se contente pas du “faire » mais se présente aussi comme l’accompagnement d’un cheminement familial à travers “le faire” et “l’agir”.
“L’agir” s’envisage sous l’angle d’une évolution interne du système. Poser un acte dans l’ordre de “l’agir” correspond à le vivre le mieux possible, invite à vivre l’acte avec sa singularité et vise l’épanouissement. Ces deux registres, “le faire” et “l’agir” sont distincts mais non exclusifs. Ils sont, au contraire, articulés l’un à l’autre. On peut d’autant mieux vivre un acte qu’il est bien fait. Inversement, habiter un acte de l’intérieur invite à le faire le mieux possible.
C’est ainsi que lorsque la référence en guidance familiale est de l’ordre de l’horizon, le rapport à celle-ci est pensé en termes d’évolution, pour chacun des membres. En partant du principe qu’il n’y a pas qu’une seule voie, ma proposition de guidance familiale est caractérisée par la prise de décisions en groupe d’un horizon défini par tous les membres de la famille. Les séances ont pour but d’inscrire la famille dans une dynamique facilitant l’émergence d’un chemin choisi et spécifique à chaque famille.
Exemple de guidance familiale : avoir un parent âgé atteint de la maladie d’Alzheimer
Dans mes rencontres avec les familles qui s’occupent d’un proche qui a reçu le diagnostic de maladie d’Alzheimer, souvent les conjoints ou les enfants de la personne malade sont épuisés. Cet épuisement nécessite une écoute attentive et l’apport de connaissances autour des troubles spécifiques de la maladie d’Alzheimer mais également sur les troubles psychologiques et comportementaux susceptibles d’émerger dû aux symptômes de la maladie. Nous échangeons sur les troubles de la mémoire, les troubles de l’orientation spatiale et temporelle, les troubles du langage, etc. ainsi que par exemple, sur les crises d’anxiété ou les besoins de marcher de leur proche.
L’objectif est de donner du sens aux symptômes de la maladie, aux conséquences et à l’impact que cela peut avoir sur la personne et son entourage. Le tout est mis en parallèle avec l’histoire de vie et l’histoire familiale de la personne, ce qui permet souvent aux aidants de redéfinir leurs priorités et de mettre en avant les types de liens qu’ils souhaitent renforcer avec leur proche.
Exemple de guidance familiale : avoir un enfant avec un trouble du spectre autistique
Lors de groupes d’analyses des pratiques que j’animais auprès de professionnels accompagnant des personnes avec des troubles du spectre autistique nous évoquions régulièrement l’importance de la compréhension du monde que se construit la personne accompagnée et des environnements dans lequel elle évolue.
Si nous prenons comme illustration les habiletés de communication, elles sont à la fois symptomatiques et singulières. Ainsi un score à une échelle d’évaluation n’est pas suffisant pour savoir quelle méthode de communication mettre en place.
Il faut évidemment tenir compte de l’envie de la personne à être dans la communication, les capacités avérées, l’accompagnement le plus adapté mais aussi, et de manière essentielle, se projeter dans les possibilités d’appropriation de la méthode choisie par les membres de famille.
C’est en comprenant pourquoi tel symptôme appelle à telle approche et dans quels objectifs qu’il est envisageable d’investir les propositions d’accompagnements et de prendre du recul sur les attentes de chacun.
Exemple de guidance familiale : avoir un ou plusieurs enfants avec un trouble du déficit attentionnel avec ou sans hyperactivité (TDAH)
En s’inspirant des différents programmes d’entraînement aux habiletés parentales (Russell Barkley, Sébastien Henrard, Alan Edward Kazdin), les objectifs sont une meilleure compréhension des mécanismes sous-tendant le fonctionnement des enfants avec un TDAH, des impacts visibles et non visibles dans la sphère familiale, la promotion d’une communication efficace au sein de la famille et la création d’un environnement familial positif, cohérent et personnalisée.
Psycho-éducation sur le TDAH : une compréhension TDAH, au niveau cognitif et cérébral, ses impacts sur le fonctionnement quotidien de l’enfant et les techniques pour observer, prévenir et apaiser.
Communication efficace : Les méthodes pour une communication ouverte et efficace entre les membres de la famille sont pratiquées. Les parents consolident leurs stratégies efficaces pour renforcer la relation parent-enfant.
Résolution de problèmes : La famille est entraînée à la résolution de problèmes rencontrés dans leur vie afin de faire face aux défis spécifiques rencontrés dans la gestion. Par exemple, les conséquences de l’impulsivité et des difficultés d’initiation sont souvent source de conflits mais chaque famille présente ses propres limites et ses tolérances singulières. Ces entraînements impliquent l’identification des déclencheurs de comportements problématiques pour chaque membre de la famille et la mise en place de plans d’action pour les appréhender et soutenir le bien-être émotionnel de tous les membres de la famille.
Consistance et routine : La guidance familiale proposée encourage les membres de la famille à établir des routines et une structuration cohérente de la vie quotidienne à la maison afin de développer des compétences pour une vie familiale équilibrée. Cela inclut l’utilisation de renforcement positif, de conséquences cohérentes et de limites claires singulières à chaque famille.